Ghislaine Borgeaud
Ghislaine Borgeaud
Origami
Origami
Cet art est originaire de Chine, où il est appelé jiezhi, terme qui regroupe les techniques de pliage de papier et de papier découpé, où le découpage prédomine sur le
pliage. L'origami japonais a certainement ses origines dans les cérémonies, où le papier ainsi plié permettait de décorer les tables (le plus
souvent les cruches de Saké). Le plus ancien usage de l'origami en religion connu à ce jour est le Katashiro, représentation d'une divinité, utilisé pendant les
cérémonies Shinto du temple Ise.
Dès le début des années 1800, Frieddrich Froebel, créateur des écoles maternelles, reconnaissait que l'assemblage, le tressage, le pliage et le découpage du papier étaient des aides pédagogiques pour le
développement des enfants.
Joseph Albers, le père de la théorie moderne des couleurs et de l'art minimaliste, a enseigné l'origami et le pliage du papier dans les années 1920 et 1930. Sa méthode utilisait des feuilles de papier rondes pliées selon des
spirales ou des courbes; elle influença les artistes modernes d'origami comme Kunihiko Kasahara.
Le travail du japonais Akira Yoshizawa, un créateur prolifique de modèles d'origami et auteur de livres sur l'origami, a inspiré la renaissance contemporaine. L'origami moderne attire des amateurs du monde entier, avec des conceptions toujours
plus complexes et de nouvelles techniques : le pliage humide, qui permet au produit fini de mieux conserver sa forme ou encore les constructions d'origami modulaire (ou kusudama), dans lesquelles plusieurs pièces sont assemblées pour former un tout décoratif.
La grue japonaise
Une des représentations d'origami les plus célèbres est la grue du Japon. La grue est un animal important pour le Japon (un satellite porte même le nom de Tsuru (grue)). Une légende dit même : "Quiconque plie mille
grues de papier verra son voeu exaucé".
La grue d'origami est devenue un symbole de paix en raison de cette légende, et d'une jeune fille japonaise appelée Sadako Sasaki. Sadako a été exposée, enfant, au rayonnement du bombardement atomique d'Hiroshima. Elle devint alors, un "hibakusha", un survivant de la bombe atomique. Entendant la légende, elle décida de plier 1 000 grues pour guérir. Elle mourut de leucémie en 1955 à l'âge de 12 ans après avoir plié 644 grues. Ses compagnons de classe plièrent le nombre restant et elle fut enterrée avec la guirlande de 1 000 grues.
Même si ses efforts n'ont pas prolongé sa vie, ses amis installèrent une statue en granit représentant Sadako dans le parc de la paix d'Hiroshima :
Une jeune fille se tenant les mains ouvertes, un vol de grues de papier au bout des doigts. Chaque année la statue est ornée de milliers de guirlandes de mille grues
d'origami (Oritsuru en japonais).
Depuis, il est entré dans la tradition de plier 1 000 grues en papier lorsque qu'un proche ou un ami est gravement malade. Au delà de la superstition, cet acte procure au malade courage et volonté en se sentant ainsi entouré.
Le conte de Sadako a été raconté dans beaucoup de livres et de films. Dans une version, Sadako écrit un haiku, qui, traduit en français donnerait :
J'écrirai la paix sur vos ailes,
et vous volerez autour du monde,
de sorte que les enfants ne meurent plus de cette façon.
Pour un Japonais, l'origami est plus qu'un art: il est culture vivante.
Très admirative de ces techniques japonaises, Ghislaine Borgeaud expose avec nous depuis de nombreuses années des pliages et des cartes d'une grande minutie.